Le temple des Vaux-de-la-Celle, un labyrinthe

par Maria Poumier*

 

 

Vue du temple et des bassins attenants, en l'état actuel des fouilles.[1]

Les éditions Privat ont publié en 2019 un beau volume illustré, sur l'état actuel des découvertes sur le site gallo-romain des Vaux-de-la-Celle, Les Vaux-de-la-Celle, une aventure archéologique.

On y lit ceci: "Trois bassins contigus bordent le côté sud du temple tandis qu'un quatrième, aujourd'hui envahi de roseaux, s'étendait dans l'axe de la façade arrière. Ces bassins, qui étaient chacun dotés d'un escalier permettant de descendre dans l'eau, sont liés au culte. Plusieurs offrandes effectuées en guise d'ex-voto furent découverts à leurs abords. Les splendides groupes statuaires conservés au Musée archéologique départemental du val d'Oise furent découverts dans le petit bassin central au sud du temple: cette pratique d'enfouissement volontaire s'explique par le souhait de renouveler la décoration statuaire du temple sans pour autant spolier les divinités d'offrandes qui leur avaient été faites." (p. 84) M. Vivien Barrière, directeur des fouilles, confirme ces données aujourd'hui. Il reste cependant un mystère: où sont les statues qui ont pu remplacer le groupe retrouvé, et conservé grâce à son enfouissement dans l'eau du bassin?

Sur ces bassins, on nous dit[2]: "Les bassins Le site antique s’est vraisemblablement implanté, dès la période gauloise, autour d’une source vénérée pour ses vertus supposées curatives dès l’époque gauloise. A l’époque romaine, des bassins dont un nymphée sont aménagés au sud et à l’ouest du temple et en recueillent les eaux". Nous nous proposons de réfléchir doublement autour de cette source, en tant que telle, et comme source d'inspiration, et à partir de là,  de mettre en relation le destin du site avec l'histoire locale postérieure.

Rappelons qu'au centre du site, se trouve donc un temple à double cella, occidenté, c'est à dire ouvert à l'est, les autels se trouvant au fond, à l'Ouest. L'appellation Vaux-de-la-Celle indique bien qu'on est dans un vallon, et que la "cella" autrement dit la "cellule spirituelle" est le centre de cet ensemble, où l'on venait sans doute de très loin, puisque le théâtre pouvait accueillir 5000 spectateurs ou plus. C'est un "sanctuaire de source", un lieu de pèlerinage, incontestablement, même s'il y a en outre toute une infrastructure urbaine à retrouver, destinée à des résidents permanents.

On trouve des bassins dans les habitations romaines de plaisance, appelés par extension "nymphées", pour le bain en réunion, avec différentes températures. Mais on en trouve aussi  accolés à des temples. C'est le cas à Rome, dans le complexe du temple du Divin Claude[3], et on en date la construction du règne de Néron, à partir de l'an ­64 . On dispose d'une gravure de Piranèse (1720-1778) qui figure une arche, dans le mur qui longe le bassin, gigantesque. [4]

 

Gravure de Piranèse, le nymphée dit de Néron.

 

Nous pouvons imaginer l'édifice du nymphée de Vaux sur Celles à partir d'une autre gravure de Piranèse:

 

Nymphée du temple de Minerva medica, à Rome.[5]

Tout cela ressemble bien, toutes proportions gardées, aux premiers dessins des ruines de Vaux, datant de 1831, représentant ce qu'on appelait alors le "Château Bicêtre", un lieu très mystérieux encore en 1904:

 

 

(Dessin au fusain, par Léon Pic de Replonge, 1831[6]

 

Notre nymphée, de proportions modestes,  était donc bordé d'un mur avec de grandes arches, ce qui correspond à la reconstitution faite par le Musée archéologique de Guiry-en-Vexin.

Mettons maintenant en relation le nymphée avec le temple qui lui est accolé:

"À en croire les statuettes et les inscriptions livrées par les fouilles, l'une des [deux] pièces [du temple] devait accueillir à l'origine une statue de Mercure, l'autre une statue de Rosmerta, une divinité féminine liée à l'abondance, que l'on trouve souvent associée à Mercure [et à Proserpine].

 

Sur cette reconstitution en 3D, on distingue bien les bassins, le long de la façade sud, et les deux cellae mitoyennes.

 

 

Le même temple, vu de face, avec ses trois bassins[7].

"Sous ce temple daté de la deuxième moitié du II° siècle de notre ère, on a retrouvé les vestiges d'un temple antérieur aux dimensions bien plus modestes mais déjà construit en pierre au cours du Ier siècle de notre ère." (p. 80 et 84) Il est important de prendre conscience de l'ancienneté du culte en ce lieu, certainement antérieure à la conquête romaine.  Vivien Barrière ajoute qu'on a des traces d'une nécropole, remontant à la protohistoire.

Comme chacun sait, le site a été mystérieusement abandonné vers le V° siècle, alors qu'il était très vaste, et que de nombreux objets exhumés, ainsi que des restes de peinture murale, témoignent d'une grande opulence, liée à la situation  de carrefour commercial du plateau de l'Arthies, où s'inscrit ce site.

Voici le résumé de l'histoire du sanctuaire, tel que rédigé par l'Association Etudiante Valdoisienne d'archéologie:

"Après la conquête par Jules César de 58 à 52 avant J.C., la  Gaule connaît une période de paix qui dure près de trois siècles. Petit à petit, l’utilisation du latin progresse et devient la langue officielle. 

Un réseau de voies romaines favorise le commerce, les transports et les déplacements Le site est situé non loin de la voie Paris-Rouen, dite Jules César (passant par Epinay, Beauchamp, Pontoise,  Magny-en-Vexin et Saint-Clair-sur-Epte, elle existe toujours et plusieurs sections sont ouvertes aux randonneurs.) et de la voie Beauvais – Chartres dite chaussée Brunehaut.

 [...] Cependant à partir de la seconde moitié du IIIème siècle, la pénétration en Gaule de «  barbares »  principalement Francs et Alamans coïncide avec un désintérêt progressif de la Rome impériale pour ses territoires lointains difficiles à défendre.

Vers la fin du Vème siècle, le retrait du monde romain de Gaule devient définitif avec l’arrivée des Mérovingiens. Les premiers signes de décrépitude du site de Genainville apparus au cours du IIIème siècle aboutissent  à la destruction des monuments qui seront utilisés comme une carrière de pierre jusqu’à l’époque moderne.

Au cours des siècles, le ruissellement de l’eau des plateaux entraîne vers le fond du vallon boues et limons qui envasent le temple et les bassins dont les systèmes de drainage ne sont  plus entretenus.  Le site s’enfonce dans l’oubli pour se réveiller au XXème siècle."[8]

En septembre 2020, nouvelle découverte, sur le chemin menant au temple : les squelettes de cinq moutons entiers avec des traces d'égorgement, et une poule, celle-ci intacte dans un récipient en céramique, qui évoquent des sacrifices étrangers aux coutumes romaines (car les Romains se réservent une partie de la chair offerte aux dieux pour la consommation). [9] Puis on découvre encore un mouton, et M. Vivien Barrière s'attend à ce qu'on retrouve des traces d'un véritable charnier. Ceci relèverait de coutumes antérieures à la romanisation. Mais le sacrifice de poulets entiers est un rite judaïque très ancien aussi.[10]

Et le sacrifice de l'agneau pascal korban pessa'h fut pratiqué par les juifs jusqu'en l'an 70, lors de la destruction du deuxième temple.[11] L'offrande était parfois entièrement brûlée sur l'autel. C'est ce qu'on appelait l'holocauste, et c'est un rite chtonien pratiqué aussi en Grèce. [12] On sait que les juifs accompagnèrent les Romains, comme commerçants, dans leur expansion impériale.

Mais on ne peut pas ne pas lier les moutons  à l'agneau pascal, image du Christ lui-même, dans le rituel chrétien, qui a eu le temps aussi de s'implanter aussi à Vaux. C'est tout près qu'est bâtie, une fois le Moyen-âge implanté, avec ses châteaux-forts et ses moines qui écrivent l'histoire, tout en organisent la production vivrière, quelques siècles plus tard, l'église de Genainville,  impressionnante par son étrange partition en deux structures, la première correspondant probablement au prieuré, contigu, l'autre, bâtie plus tard, étant l'église paroissiale, et la cloison entre les deux ayant  été abattue encore plus tard. A moins que ce soit comme une réplique volontaire des deux "cellae" jumelles des Vaux-de- la-Celle? Les deux sites, celui des Vaux-de-la-Celle et celui de Genainville, étonnent par leur emplacement bas, sujet à des inondations et à des infiltrations par la nappe phréatique. Le prieuré attenant fournissait le village en poisson grâce à ses viviers. La ville gallo-romaine bénéficiait aussi peut-être de réserves de poisson, autre source de richesse pouvant fixer des habitants. Genainville a eu de modestes mines d'argent, et pour Vaux, on garde le souvenir d'une cuiller en argent, trouvée parmi d'autres objets. Et jadis, les habitants de Genainville imaginaient que les ruines de Vaux provenaient d'un château fort, qui aurait assuré leur défense. Bref, les deux sites sont très liés, pas seulement par la proximité géographique.

Les archéologues sont souvent confrontés au mystère de la disparition soudaine d'une agglomération bien peuplée. M. Vivien Barrière émet l'hypothèse que le site ait été abandonné lorsque les habitants ont compris qu'ils n'arriveraient pas à enrayer le phénomène d'envasement, qui se poursuit encore de nos jours: l'essentiel de ce qui a été retrouvé était submergé; et c'est l'eau qui a protégé les vestiges les plus anciens, ainsi que la base des murs. Mais cela n'explique pas que le site ait connu des siècles de développement urbain remarquable, avant de sombrer dans l'oubli. Un édifice pour les spectacles pouvant accueillir 8 000 personnes, un temple de 25 m de haut... et la surprise complète pour les premiers archéologues, au XIX° siècle.

Pour notre région, on signale une probable catastrophe naturelle aux environs du  V° siècle, justement l'époque où Vaux s'éteint. Le christianisme aurait conquis son hégémonie après, avec la dynastie mérovingienne, Clovis et les Francs remportant la victoire de Soissons contre le général Syagrius en 485. Nous allons envisager l'hypothèse que le site ait connu une présence chrétienne antérieure, quoi qu'on n'ait à ce jour pas retrouvé à Vaux de croix ou de sculpture évoquant la mythologie chrétienne. Cette hypothèse, si elle était validée, donnerait sens à différents phénomènes disparates en l'état actuel de la recherche.

Dans les premiers temps du christianisme, les baptêmes collectifs sont célébrés une fois par an par l'évêque, dans des piscines de 2 à 5 mètres de large, où l'on s'immerge, en descendant généralement trois marches symboliques. [13] Il n'y a pas de baptistère de ce type, identifié comme tel, dans notre région, mais il y a plusieurs sources sacrées, réputées miraculeuses, vénérées par les chrétiens.

Non loin de Genainville, le culte chrétien à saint Romain, évêque de Rouen, né à Wy dit Joli village, donne encore lieu, tous les ans, à une procession où le prêtre trempe la statue du saint dans l'eau du lavoir, aux environs du 23 octobre. Or ce lavoir est au départ une source réputée miraculeuse. La légende dit que c'est saint Romain lui-même qui l'a fait jaillir, ce qui témoigne de son prestige. Elle donnera lieu à un pèlerinage immémorial, où l'on vient depuis Paris, Rouen et Beauvais. Et cette même source continue d'alimenter le château d'eau de Drocourt, à plus de 10 km. Il est évident que le culte de saint Romain en ce lieu succède à un culte païen. La sacralité naturelle d'un lieu se maintient par-delà les changements de civilisation.

Comment ne pas associer ce rite évoquant le baptême par immersion, la guérison, et la résurrection spirituelle, au fait que c'est dans le deuxième bassin des Vaux-de-la-Celle qu'on a retrouvé les magnifiques sculptures désormais mises en valeur au musée archéologique de Guiry. Se pourrait-il que le christianisme, en se répandant d'est en ouest jusqu'en Angleterre, ait donné lieu à une première dynamique iconoclaste[14], et que les statues païennes, sensuelles, opulentes et triomphalement romaines, aient été déboulonnées et précipitées, dans un bassin qui n'avait pas l' usage rituel du nymphée, comme dans les eaux du Léthé, le fleuve de l'oubli? Si c'était le cas, on pourrait y voir le signe d'une révolution sociale, venue d'en bas, de l'univers "barbare", celui des Gaulois, qui aurait été le socle de la conquête spirituelle chrétienne.

Un peu plus loin, à Saint-Clair-sur-Epte, on constate aussi la présence d'une source miraculeuse (mais aujourd'hui quasiment tarie), dont le souvenir est fixé par la légende de saint Clair, moine venu d'Angleterre pour évangéliser la Normandie, décapité puis ramassant sa tête pour aller la tremper dans la fontaine, avant d'aller la déposer à l'emplacement de l'église actuelle, la plus ancienne de la région. Une précision: tant les sources miraculeuses de Vaux sur Celles, de Saint-Clair sur Epte que de Wy dit Joli village sont réputées guérir les maladies des yeux, ce qui peut être une image pour évoquer la clairvoyance, la reconnaissance de la vérité.[15]

On sait qu'après  l'abandon du site des Vaux sur la Celle, les pierres des gradins du théâtre tout proche, les colonnes, les chapiteaux vont faire l'objet de remploi, à partir de l'ère mérovingienne, particulièrement dans des églises. Des sarcophages sont creusés sur place, avant d'être emmenés dans différentes églises. La légende qui parle de "source maudite" est probablement contemporaine de l'essor de Genainville, une fois le site défiguré, ravagé, vandalisé puis abandonné. Mais ce n'est pas seulement la deuxième vie des ouvrages d'art romain qui atteste de l'empreinte chrétienne dès que prend fin la période dite de la Haute antiquité.

A la jonction entre le style gaulois pré-romain et la renaissance mérovingienne, qui est marquée par l'essor de la société féodale chrétienne, on trouve les monolithes qui sont la signature des Vexinois sur tout leur territoire, les croix pattées. La plus connue, et la plus élaborée, est celle de Guiry, véritable emblème repris comme tel par le Parc naturel du Vexin, et toute proche du Musée archéologique. Entre les Vaux de la Celle et Guiry, se trouve le site néolithique des bois de Morval, avec une allée couverte et une nécropole préservée comme telle longtemps par une pierre obstruant l'ouverture ronde.

 

La croix pattée de Guiry.

Officiellement, maintenant, les 17 croix pattées répertoriées dans le Vexin datent du XI° au XIII° siècle. Mais la tradition orale les fait remonter bien plus loin dans le temps.

L'histoire - ou la collection des légendes - concernant les premiers siècles du christianisme a été écrite par les moines, à partir du XI° siècle, et elle situe environ un millénaire plus tôt la vie du Christ et la dispersion de ses apôtres (saint Paul n'a pas connu le Christ, mais il prend bientôt la place de Judas, le traître, et voyage énormément, comme les autres, ses contemporains), évangélisant dans leurs périples les divers peuples d'Europe. L'Église ne se fie pas trop à ces premiers écrits, car leurs données ne s'accordent guère avec la rationalité historique moderne; leurs invraisemblances sont tout-à-fait comparables à la tradition du "réalisme magique" qu'on repère dans la littérature d'origine villageoise de tous les pays, et qui a été remise à la mode par exemple en ce qui concerne la Roumanie par Mircéa Éliade, ou pour la Colombie par Gabriel García Márquez. Le merveilleux parle toujours du réel, mais les scientifiques n'ont pas toujours les bonnes lunettes pour les traduire selon les normes modernes, ils préfèrent ne pas s'appuyer dessus. La chronologie fantastique des premiers siècles  chrétiens, telle qu'établie par les premiers rédacteurs, est particulièrement impossible à valider rationnellement.

Or il faut savoir que le cadre chronologique validé jusqu'à maintenant par les historiens de l'ère moderne s'est figé bien plus tard qu'on ne le suppose habituellement, au XVI° siècle. Et il se trouve que la datation à laquelle nous sommes habitués est actuellement bousculée par les archéologues et leur prise en compte implacable des strates où ne peuvent s'être déposés qu'en une succession chronologique à sens unique les vestiges que l'on découvre, de plus en plus nombreux, de plus en plus profondément, dans des chantiers comme celui des Vaux-de-la-Celle.

Pour redonner sens et unité à l'histoire de notre région, il est utile de tenir compte des nouvelles hypothèses générales, nées des progrès de l'archéologie (les superpositions de traces humaines ne mentent pas, sauf si des séismes viennent déplacer des couches géologiques) et de l'épigraphie (les humains reconstruisent le passé toujours en fonction d'une idéologie, d'un effort pour donner du sens au présent, en vue d'un projet de contrôle du futur; et on constate, à toutes les époques, des falsifications et des fausses attributions, dans les textes qui parviennent jusqu'à nous.

Ces réflexions s'inspirent des travaux du chercheur allemand Gunnar Heinsohn [16].

En matière de datations dans l'ère chrétienne, il conviendrait donc de tenir compte de deux dynamiques complémentaires:

- D'une part, empire romain et apparition du christianisme, "âges obscurs", et haut Moyen-âge formeraient une séquence qui rétrécit énormément. Globalement, entre l'époque du Christ et l'an mille, il se passerait trois siècles au maximum. Aussitôt, dans cette optique, on imagine mieux les gradins du théâtre de Vaux rapidement réemployés en tombeaux mérovingiens, les fûts de colonnes des temples immédiatement recyclés dans les premières églises en pierre (c'est le cas dans l'église de Saint-Clair-sur-Epte, loin de tout temple romain connu, en dehors de ceux de Genainville), avant que la végétation ait eu le temps de les enfouir ou de le digérer; et on comprend mieux la continuité du style romain dans des drapés des toges des saints ou les plis puissants des robes des Vierges du XIV° siècle, comme à Magny, à Saint-Clair, et aux alentours.

- L'autre phénomène, venu installer durablement du mystère, de la perte de mémoire, et du bricolage de mythes chrétiens pour combler ces vides, serait un cataclysme naturel, provoquant en chaîne famines, maladies, déplacements massifs de population, abandon d'un  site comme celui de Vaux. Ce cataclysme, toute l'Europe l'a vécu, mais par endroits on le situe vers 230, ailleurs vers 530, ou encore vers 930. Les siècles suivants parleront encore de "la grande peur de l'an mille", mais avant le XI° siècle, aucun peuple n'avait exprimé sa peur d'un cataclysme à venir: personne ne se sentait à la veille d'un nouveau millénaire angoissant. C'est donc d'une terreur rétrospective qu'il s'agit.

C'est donc après cela que surgissent nos premières églises, bien souvent consacrées à la Vierge: c'est le cas à Saint-Clair, à Magny-en-Vexin, à Vétheuil, à Maudétour, et à Wy-dit Joli Village. Le culte marial a été officialisé comme tel par Bernard de Clairvaux et cela signe le grand essor du christianisme au XI° siècle; mais c'est dans une bonne mesure une réinterprétation et une  réappropriation du culte à des divinités maternelles préchrétiennes, comme en témoigne la légende selon laquelle saint Bernard aurait reçu personnellement dans la bouche un jet du lait maternel de la sainte Vierge elle-même.

Si l'on accepte les nouveaux repères chronologiques ci-dessus, on obtient donc un paysage spirituel particulièrement intense, sur un petit périmètre vexinois, qui est approximativement celui du Parc naturel: nos croix pattées retrouvent leur ancienneté et leur sacralité  rustique, dans leur puissante abstraction géométrique de pierres taillées d'un seul tenant, prolongeant le néolithique, parmi les toutes premières croix chrétiennes, avant que la statuaire romane fleurisse.

Outre la Vierge, les saints patrons des églises de nos villages sont presque tous les grands évangélisateurs qui implantèrent le christianisme au nord de la Loire. Les légendes de saint Nicaise, évangélisateur du Vexin, saint Clair, évangélisateur de la Normandie, saint Martin de Tours, saint Aignan d'Orléans (patron de l'église d'Arthies, qui est romane, c'est-à-dire encore très romaine), saint Denis de Paris, saint Samson l'évangélisateur de la Bretagne, et saint Romain qui délivra Rouen de la Gargouille, sont la mise en récits, selon les normes chrétiennes de l'exemplarité, de souvenirs de grandes personnalités dont on a oublié le contexte précis, remontant à des temps bien plus anciens. Le dragon, fondamental dans l'histoire de Romain (le bien nommé?), serait une image hallucinatoire, selon le prisme apocalyptique des écrits de saint Jean (chapitres 6-8), de l'un des effets du cataclysme naturel (probablement le passage d'une comète géante et dévastatrice, générant un "mini âge de glace", décimant les humains, mais fortifiant d'autant des animaux effrayants, plus ou moins résiduels, survivants de temps plus anciens). Nous pouvons nous en tenir à une synchronie globale entre les légendes de nos saints vénérés localement et dont les biographies hautement fantastiques , mais données pour authentiques et authentiquement chrétiennes, ont été fixées par Jacques de Voragine dans la Légende dorée, du XIII° siècle.

Soulignons un trait qui relie les représentations de saint Denis, de saint Clair, de saint Nicaise, et de bien d'autres: ce sont des saint céphalophores. Leur légende est celle de guerriers, qui tranchent moult têtes et à qui on fait subir la décollation à leur tour. Or il se trouve que la décapitation est un rite guerrier gaulois bien attesté." La décapitation, ou plutôt la décollation, apparaît comme une seconde mort qui s’ajoute à la première, une mort supplémentaire, une mort suprême, et il semble bien que l’on rejoigne là cette « mort superlative » qu’évoquent les récits celtiques insulaires."[17]  Que l'image saisissante d'un décapité ait été abondamment reprise dans les légendes et représentation chrétiennes n'a rien d'étonnant. Et l'on comprend soudain le sens profond de ces images de saints portant leur tête dans leurs mains : ce sont des guerriers martyrs, plus forts que la mort en quelque sorte, grâce à la foi de leur camp.

Or voilà qu'aux Vaux-de-la-Celle, on a retrouvé en 1979 une tête aussi remarquable qu'étrange:

 

Le premier fragment retrouvé, avant la remise en place des morceaux manquants.[18]

Elle paraît ne rien devoir aux Romains, dans sa morphologie, mais relever plutôt de l'art du portrait, avec l'intensité singulière de son regard, augmentée dans la restauration ci-dessous.

 

 

Les Vaux-de-la-Celle, une aventure archéologique, p 135

Cette extraordinaire tête de cuivre  au regard extatique, tourné vers le ciel et légèrement de côté, trouverait alors une place naturelle dans l'art chrétien dit primitif, en fait héritier de l'art celte: elle a été façonnée dans l'esprit des têtes de saints les plus anciennes qui sont conservées dans nos  églises, avec quelque chose de byzantin ou de roman:  de grands yeux, et une expression tendue, qui fait penser à celle, naïve et souvent reprise par les néo-impressionnistes, du modèle villageois à qui le sculpteur ou le peintre a demandé de ne pas bouger, et qui est troublé en prenant conscience de son reflet dans le regard d'autrui; cela peut aussi être le regard de l'âme qui découvre l'au-delà. Ce pourrait être une tête de saint Clair, dont le miracle posthume décisif fut le partage des juridictions et l'instauration de la paix entre Normands et Francs, immortalisé dans le traité qui porte son nom, signé sur l'Epte, la frontière naturelle des deux provinces; son intensité est celle d'un objet sacré, probablement amené là dans le cadre d'un rite autochtone, aux abords du nymphée, comme saint Clair avait ramassé sa tête coupée pour aller la tremper dans la source.

L'église de Genainville est quant à elle, consacrée à saint Pierre, ce qui évoque la toute première génération des évangélisateurs,  contemporains du Christ. C'est une église qui borde une ancienne nécropole, devenue cimetière chrétien, puis place de l'église, et actuellement parking. Celle -ci comportait une croix hosannière, c'est-à-dire liée au culte des défunts, déplacée depuis à l'entrée du cimetière moderne. Mais l'église contient encore un objet mystérieux et rare, particulièrement vénéré des franc-maçons, qui viennent de loin pour l'honorer, un labyrinthe octogonal (le huit est le chiffre de l'infini dans bien des cultures, dont la nôtre). Ce bas-relief est réputé pré-chrétien. Proviendrait-il de Vaux, lieu sacré de convergences? On rentre facilement dans un labyrinthe, par diverses entrées. Puis on s'y perd, on s'angoisse,  et on en suit les détours en priant pour trouver la sortie, car c'est un chemin initiatique.

 

Le labyrinthe de l'église de Genainville[19]

Prions pour retrouver, en suivant les détours de cette histoire, le sens de la continuité spirituelle, avec ses moments poignants, et ses turbulences dans la poursuite de la vérité, dont nous sommes les héritiers.

 



[1] LP/Julie Ménard) https://www.leparisien.fr/resizer/JHNTtR_fB0XX5_zxUFT4tmXqPbw=/932x582/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/leparisien/2TA7MILQWRUY5XIUQX5VPHD4SM.jpg

 

[2]

[6] Les Vaux-de-la-Celle, une aventure archéologique, p. 37. Voir le texte de 1904 ici: http://hpvexin.free.fr/content/histoire-et-patrimoine/secteur/magny//commune/genainville/docs/Genainville-Chateau%20bicetre.pdf

Voir aussi : http://fr.topic-topos.com/genainville

 

 

[10] / https://www.lepoint.fr/insolite/un-rituel-juif-incluant-des-sacrifices-de-poulets-resiste-aux-critiques-17-09-2018-2252038_48.php

 

[14] L'iconoclasme est une injonction biblique: « Tu ne te feras point d'idole, ni une image quelconque de ce qui est en haut dans le ciel, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux au-dessous de la terre. » Exode, 20, 3. Une fois les "fausses" idoles abattues, chaque culture religieuse produit de nouvelles images plus autorisées.

 

[15] https://www.leparisien.fr/val-d-oise-95/genainville-95420/le-site-archeologique-de-genainville-livre-ses-secrets-24-08-2017-7211484.php 

 

[16] Ses grands axes ont été synthétisés en anglais comme suit.

On retiendra cette conclusion: " Si notre Moyen Âge a été artificiellement étendu pour couvrir sept siècles ou plus, cela signifie-t-il que la plus grande partie est de la pure fiction ? Pas nécessairement. Gunnar Heinsohn, en s'appuyant sur l'archéologie et la stratigraphie comparées , affirme que les événements qui se sont répandus dans [ce que nous appelons] l'Antiquité, l'Antiquité tardive et le Bas Moyen Âge étaient en fait contemporains. En d'autres termes, l'Empire romain d'Occident, l'Empire romain d'Orient (byzantin) et l'Empire romain germanique doivent être resynchronisés et considérés comme faisant partie de la même civilisation qui s'est effondrée il y a un peu plus de dix siècles, après un événement mondial cataclysmique qui a provoqué un choc dans la mémoire et a donné le goût des cultes apocalyptiques du salut". (Traduction: MP)

https://www.unz.com/article/how-fake-is-church-history/

Et cette leçon: "Jusqu'au IXe siècle après J.-C., aucune source primaire ne fournit de dates absolues. Les événements sont datés par rapport à un autre événement d'importance locale, comme la fondation d'une ville ou l'arrivée d'un dirigeant. La datation des événements récents à partir de l'Anno Domini (AD) n'est devenue courante qu'au 11ème siècle. Ainsi, la chronologie générale du premier millénaire dépend encore de nombreuses interprétations, sans parler du fait qu'il existe des sources douteuses en soi. Comme dans les chroniques d'époques et de contextes lointains, notre chronologie officielle a été fixée plusieurs siècles avant le début des fouilles scientifiques (XIXe et surtout XXe siècle) et, comme nous le verrons, son autorité est telle que les archéologues s'y abandonnent, renoncent à en parler même lorsque leurs découvertes stratigraphiques le contredisent.... Si vous supprimez l'intervalle de temps qui a été artificiellement créé en plaçant à tort des périodes parallèles dans l'ordre, vous ne perdez que le vide, pas l'histoire. En rassemblant des textes et des artefacts qui ont été jusqu'à présent découpés et dispersés sur sept siècles, une historiographie significative devient pour la première fois possible.... En fait, une image beaucoup plus riche de l'histoire romaine émerge... Les nombreux acteurs, de l'Islande à Bagdad (où les pièces de monnaie du 9e siècle sont dans la même couche que celles du 2e siècle) peuvent enfin se réunir pour tisser le tissu riche et coloré de ce vaste espace avec 2 500 villes et 85 000 km de routes". (Traduction: MP)

https://www.unz.com/article/how-long-was-the-first-millenium/

[17] "La tête coupée, symbole de dans la Gaule méridionale? Des textes anciens aux données de l'archéologi", https://journals.openedition.org/dam/2734

[19] https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a8/Genainville_%2895%29%2C_%C3%A9glise_Saint-Pierre%2C_dalle_avec_labyrinthe_2.JPG

Sur le labyrinthe de Genainville, voir: Bulletin monumental de la Société française d'archéologie,  1958, t CXVI, n° 3, numérisé ici:

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1958_num_116_3_4035_t1_0210_0000_2

 

 * Article écrit pour la revue des Amis du Vexin, avril 2021.

 Saint Clair prêchant , tableau du XIX° se trouvant à l'église St Nicolas du Chardonnet, 75005, à Paris.  

 Le martyre de sainte Julitte et de saint Cyr, tableau du XIX° se trouvant à l'église St Nicolas du Chardonnet, 75005, à Paris.   

L'église de Chaussy est consacrée à saint Ansbert.

le 9 février, fête de saint Ansbert

Qui était saint Ansbert ?

 

Saint Ansbert naquit à Chaussy dans une famille noble. Ses progrès dans les lettres furent rapides, et il parut jeune encore à la cour de Clotaire III, où le chancelier Robert voulut lui faire épouser sa fille Angradisme ; mais Ansbert, qui projetait dès lors de se consacrer à Dieu, préféra le célibat au mariage, tout comme Angradsime. Son mérite l'ayant fait élever à la dignité de chancelier, il n'en fut pas moins entraîné par son penchant pour la vie solitaire, quitta brusquement la cour, et alla s'enfermer dans l'abbaye de Fontenelles. Il en devint abbé, marcha sur les traces de saint Wandrille et de saint Lambert, ses prédécesseurs, fonda des hôpitaux, et fit de sages règlements. Nommé en 683 évêque de Rouen pour succéder à saint Ouen, il se voua tout entier à la prédication des fidèles et au soulagement des pauvres ; il tenta d’implanter la culture de la vigne en Normandie, sans succès. Puis Pépin d'Héristal, maire du palais, mécontent de la sévérité de ce saint prélat, l'arracha à son église et le relégua dans le monastère de Haimont, en Hainaut. Il mourut le 9 février 694, dans les exercices de la bienfaisance et de la piété, au moment même où il venait d'être autorisé à retourner dans son diocèse. Son corps fut transporté, selon sa dernière volonté, à l'abbaye de Fontenelles, dans la bourgade actuelle de Saint-Wandrille, en Normandie. De nombreux miracles se produisirent sur son passage. La paroisse de Chaussy  longtemps été rattachée à l’abbaye de Saint-Wandrille. 

Les reliques de saint Clair, à Saint-Clair-sur-Epte

Chant de procession à

saint Clair

 

Refrain : Saint Clair, saint Clair,

martyr admirable

Saint Clair, saint Clair,

sois-nous secourable.

 

Fils de l’Angleterre,

De l’Ile des Saints,

Un jeune homme austère

A de grands desseins.

Refrain

Il veut sur la terre,

N’importe en quel lieu,

Pieux solitaire

Etre fils de Dieu.

Refrain

Il choisit la France,

Pour aller aux cieux,

Terre de vaillance,

Où serait-il mieux ?

Refrain

Par la Normandie,

Humble pèlerin,

Son errante vie

Froisse un monde vain.

Refrain

Mais par ses miracles,

Il est admiré,

Et par ses oracles,

Il est vénéré.

Refrain

Reçoit les saints Ordres,

Prêtre du Seigneur,

Combat les désordres,

Gagne à Dieu les cœurs !

Refrain

De Satan l’esclave

Ose le tenter.

Notre saint la brave,

Sans la redouter.

 Refrain

 

Alors dans sa rage,

L’infâme, à la mort

Condamne le sage

Sans aucun remords.

Refrain

Il cherche un refuge,

Epte sur les bords,

Au souverain Juge

Confiant son sort.

Refrain

Il se fait l’apôtre

De la vérité.

Jésus il est vôtre,

Par la charité.

Refrain

L’infâme luxure

Arme des bourreaux.

Que sa gloire est pure !

Quel divin héros !

Refrain

Disciple intrépide

De jésus en croix,

La main du perfide

Le frappe trois fois.

Refrain

Il meurt, ô prodige,

Sa tête entre ses mains

Rose sur sa tige…

Surprend les humains.

Refrain

A votre ermitage,

Saint Clair et saint Cyrin,

Recevez l’hommage

De vos pèlerins.

 

Refrain

I

Combat les désordres,

 

 

Recevez l’hommage

De vos pèlerins.

 

Refrain

Texte sur la stèle dans l'église de Saint-Cyr-en-Arthies, pilier de droite:

 

Ecoutez ce que le Seigneur dit, vous tous qui entrez par ces portes pour l'adorer: redressez vos voies, corrigez votre conduite sur ses commandements que voici, les dix Commandements de Dieu

 

1. Un seul Dieu tu adoreras, et aimeras parfaitement.

2.Dieu en vain tu ne jureras, ni autre chose pareillement.

3. Les dimanches tu garderas, en servant Dieu dévotement.

4. Tes père et mère honoreras, afin que tu vives longuement.

5. Homicide point ne seras, de fait ni volontairement.

6. Impudique point ne seras, de corps ni de consentement.

7. Le bien d'autrui tu ne prendras, ni retiendras à ton escient.

8. Faux témoignage ne diras, ni mentiras aucunement.

9. L'oeuvre de chair ne désireras qu'en mariage seulement.

10. ...

 

(No comment...)

===============================================================================

 

Autre stèle en marbre noir, dans l'église de Saint-Cyr-en-Arthies, les 6 commandements de l'Eglise, des préceptes qui restent toujours hautement recommandables !

 

1. Les fêtes tu sanctifieras, qui te seront de commandement

2. Les dimanches la Messe ouïras, et les fêtes pareillement

3. Tous tes péchés confesseras, à tout le moins une fois l'an

4.Ton créateur tu recevras, au moins à Pâques, humblement

5. Quatre temps, vigiles, jeûneras, et le Carême entièrement

6. Vendredi chair ne mangeras, ni le samedi mêmement.

 

 

 

 

==================================================================================

 

Eglise de Saint-Cyr-en-Arthies, Plaque de fondation d'une école, transcription en français moderne par Benoît Landrevie, médiéviste spécialiste en épigraphie:

 

"Ci-gisent Pierre Servais et Françoise Baudelot sa femme, lesquels ont fondé à l'église de Saint-Cyr-en-Arthies 9 [livres tournois*] de rente pour un clerc qui ira à l'église matin et soir, en ouvrant et sortant de l'école de céans avec ses écoliers, où il dira à haute voix : "Prions pour les fondateurs de l'école de céans" et dira le De Profundis, et les dimanches et fêtes l'antienne de la Vierge, aussitôt après Vêpres; et ont encore les susdits fondé 6 [livres tournois*] de rente à la même église, le tout par contrat passé par devant Luytre, notaire à Mantes, pour 6 messes, la première le 12ème [jour du mois d'] octobre, la 2ème le 29ème [jour du mois de] décembre, la 3ème le 9ème [jour du mois de] mars, la 4ème le 15ème [jour du mois de] mai, la 5ème le 8ème [jour du mois de] juillet, la 6ème le 7ème [jour du mois de] septembre. Priez Dieu pour leurs âmes.

 

* Le signe gravé dans la pierre est présumé correspondre à l'abréviation de "livres tournois", monnaie fictive servant uniquement aux comptes.

 

=========================================================================================

 

Le saviez-vous?

Le célèbre écrivain Jean d’Ormesson aurait pu être seigneur d’Aincourt. En effet, il descend de la famille Le Pelletier de Saint Fargeau. Et il compte parmi ses aïeux le célèbre révolutionnaire Michel Le Pelletier, dernier seigneur d’Aincourt.

 

Qui était donc Michel Le Pelletier de Saint Fargeau?

Il était comte et marquis, et il voulait le bien du peuple. Très lié à la duchesse d'Enville de La Roche Guyon, et au marquis de Condorcet, qui avait son château sur les hauteurs de Saint Sauveur à Limay, il faisait partie de cette élite lettrée parmi les nobles, qui voulait réformer la société dans le sens de l'intérêt général. Le Pelletier de Saint Fargeau réfléchissait à l'abolition de la peine de mort, à l'école gratuite, laïque et obligatoire. En 1789, il s'engagea de tout son cœur dans le processus révolutionnaire. En 1792, il était prêt au sacrifice de ses propriétés et privilèges; sous la pression de la Convention, il avait voté la mort du roi, malgré le fait que dans la noblesse, chacun considère le roi comme son cousin.

Le 20 janvier 1793, la veille du jour où Louis XVI fut guillotiné, Saint-Fargeau fut tué d’un coup de sabre, dans un restaurant du Palais Royal à Paris, et devint le premier martyr de la Révolution française. L'illustration ci-dessus est une gravure d'après le tableau de Jean-Louis David, qui avait été bouleversé par cet assassinat. Le tableau est à ce jour introuvable, car le peintre préféra ensuite le faire disparaître, lorsque les révolutionnaires perdirent le pouvoir.

 

Jean d’Ormesson est un personnage contradictoire comme son aïeul, qui était certainement comme lui un « homtimiste ». Il se dit catholique agnostique, et il a déclaré : « C’est stupéfiant, cette succession de papes : Jean-Paul II, Benoît XVI, François. Le premier, qui arrive dans les années soixante-dix alors que l’Église est en crise, incarne l’espérance avec son « N’ayez pas peur » ; Benoît XVI-Ratzinger est un grand savant, un théologien admirable, et j’ai beaucoup d’admiration pour lui – il incarne la foi ; et François, c’est la charité. François est un jésuite, mais personne n’incarne mieux que lui la lignée de saint François d’Assise. »

A Aincourt, on ne reconnaît plus trace du château, qui était sur la hauteur, dans l'enceinte actuelle de l'hôpital, mais les habitants restent généreux et solides dans leur foi, qu'ils croient plutôt en l'homme ou en Dieu.

La devise des Saint-Fargeau était : « Au plaisir de Dieu ».

Le 16 juin 2015, Jean d'Ormesson a eu 90 ans. 

Longue vie à notre illustre voisin -qui ne le sait probablement pas- Jean d’Ormesson, virtuellement seigneur d'Aincourt!

 

 

Qui représente donc cette drôle de statue? Elle porte la palme du martyre, et c'est une sainte puisqu'elle a une croix... Et cette petite bête familière à côté d'elle? On dirait bien une ourse!

Sainte Colombe, dans l'église de Saint-Cyr-en-Arthies

Fêtée le 31 décembre, vierge et martyre.

Pourquoi cette statue industrielle dans notre église? Mystère...

 

Colombe (Paloma) est une jeune fille espagnole noble. A 16 ans, elle quitte Saragosse en raison des persécutions. elle est d'une famille païenne mais est instruite dans la foi chrétienne par des amies. Elle reçoit le baptême à Vienne (Dauphiné) puis se dirige vers Sens, en passant par Undervelier, dans le Jura Suisse, où, pour désaltérer ses compagnes elle fit jaillir, par sa prière, une source.  Poursuivie par les persécuteurs, Colombe arrive à Sens, dont Savinien et Potentien (fêtés le même jour que Colombe) sont alors les premiers apôtres. Colombe et ses compagnes sont dénoncées à l'empereur Aurélien, ennemi juré des chrétiens. Un temps graciée à cause de sa noble origine, elle assiste au martyre de ses compagnes et est reconduite en prison. Belle et désirable, Colombe refuse les avances d'Aurélien. Furieux, il la fait comparaître et la condamne à être violée dans l'amphithéâtre. Le violent Barusas est délégué à cet effet. quand il s'approche de Colombe, une ourse surgit et le renverse. Apeuré, il se tourne vers vers Colombe qui lui dit qu'aucun mal ne lui sera fait s'il adhère à la foi des chrétiens. Il y adhère. Finalement, le 31 décembre 274, Colombe est décapitée au lieu-dit Fontaine d'Azon alors que, des cieux, une voix l'appelle à la gloire. Defendente Génolini, in L'1visible (Mantois), décembre 2015, n° 65.

 

 

Complément d'information sur http://nominis.cef.fr/contenus/saint/336/Sainte-Colombe.html :

"Jeune fille originaire d’Espagne qui quitta son pays à cause des persécutions. Elle s’établit à Sens, où existait une forte et fervente communauté chrétienne à laquelle elle se joignit. Alors qu’elle était encore très jeune, elle résista courageusement aux autorités romaines qui voulaient la faire renoncer à sa foi, et subit le martyre à la sortie de Sens* (lieu dit: Fontaine d’Azon). Les chrétiens construisirent une église sur son tombeau et un monastère s’y établit.
Aujourd’hui un pèlerinage a lieu tous les ans au mois de juillet dans l’église qui se trouve sur son tombeau, à Saint-Denis-les-Sens. C’est là que se trouve sa statue." (source: 
diocèse de Sens-Auxerre)
. Dès le VIIe siècle, un monastère est fondé sur son tombeau." (source: 
Saint-Denis-lès-Sens
)
* Un internaute nous écrit: 
Sainte Colombe subit le martyre à Saint-Clément - 89100. Au lieu de son supplice existent un calvaire et une source et des processions y sont toujours organisées.